Le nouveau chef d'état-major de l'armée malgache, André Andriarijaona, s'adresse à la presse, le 11 mars 2009 à Antananarivo |
Les "assises nationales" qui devaient débuter jeudi à Antananarivo pour mettre fin aux troubles ont, elles, été reportées sine die après le refus de l'opposant Andry Rajoelina, en conflit ouvert avec le président Marc Ravalomanana, d'y participer.
"On n'est pas venu ici pour prendre le pouvoir, faire un coup d'Etat, ou instaurer un directoire militaire, donc en ce qui nous concerne, il n'y a pas d'ultimatum", a déclaré à l'AFP le nouveau chef d'état-major, le colonel André Andriarijaona, désigné par ses pairs pour remplacer le général Edmond Rasolofomahandry.
"Il faut laisser aux politiques le soin de résoudre le problème", a ajouté le chef d'état-major, joint par téléphone.
Andry Rajoelina, le 13 février 2009 lors d'un rassemblement de ses partisans à Antananarivo |
Le remplacement du chef d'état-major est intervenu au lendemain de la démission du ministre de la Défense et de violentes échauffourées à Antananarivo entre partisans du chef de l'Etat et de M. Rajoelina, surnommé "TGV" pour son caractère fonceur.
Ce "remplacement" révèle implicitement la défiance de l'armée par rapport au chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2002.
C'est dans ce climat de délicat flottement des institutions que devaient s'ouvrir jeudi des "assises nationales" censées dessiner une sortie de crise négociée, sous l'égide de la médiation des Nations unies et de l'influent Conseil chrétien des églises à Madagascar (FFKM).
Mais M. Rajoelina, arguant d'un climat "pas serein", a fait savoir qu'il boycotterait la rencontre, conduisant le FFKM a en sceller temporairement le sort mercredi soir.
"Malheureusement, face à la situation actuelle, les conditions d'une tenue paisible pour la réunion (...) ne sont pas réunies", a déclaré à l'AFP le président du FFKM Mgr Odon Razanakolona. La réunion est "reportée à plus tard".
Capture d'écran du président Marc Ravalomanana lors d'une intervention le 10 mars 2009 |
La France avait appelé quelques heures plus tôt "toutes les parties à éviter toute provocation" et "à se retrouver, dans un esprit ouvert et de compromis" aux assises.
M. Rajoelina, qui vit caché depuis une tentative d'arrestation la semaine dernière, est sous la protection de l'ONU, après avoir passé plusieurs jours à la résidence de l'ambassadeur de France à Madagascar, île pauvre de l'océan Indien.
Mardi, M. Ravalomanana avait reconnu des "erreurs" dans la gestion de la crise et s'était dit "prêt à écouter", dans une allocution à la télévision nationale.
Le conflit larvé de MM. Ravalomanana et Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre.
Depuis, M. Rajoelina, destitué par le gouvernement de son poste de maire d'Antananarivo le 3 février, a multiplié les manifestations et s'est autoproclamé en charge des affaires du pays.
Au moins une centaine de personnes sont mortes depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit.