Que l'opposition, la majorité, la société civile se retrouvent enfin pour débattre calmement, sereinement, de l'organisation de l'élection présidentielle, de la composition du corps électoral et du financement des partis politiques semble indiquer que la raison va peut-être enfin l'emporter sur la passion. Un changement de cap qui, s'il se confirme le 14 avril, témoignera à la face du monde que notre pays n'est pas le magma en fusion que certains s'emploient à décrire, mais une démocratie apaisée dans laquelle les forces politiques et la société civile sont capables de débattre librement.
Sans changer la date du scrutin ni remettre en question le travail - à tous égards remarquable - effectué par les administrations compétentes pour établir à temps des listes électorales fiables, il est certainement possible d'améliorer le processus de telle façon que nul ne se sente plus tenu de le contester. Il suffit pour cela qu'au lieu de s'invectiver, de se suspecter sans jamais accepter de parler à coeur ouvert, les acteurs de la pièce aux cent actes divers que constitue l'élection présidentielle coopèrent pour faire de ce scrutin sinon un modèle, du moins une nouvelle avancée de ce mode de gouvernance toujours perfectible qu'est la démocratie. À en juger d'après les réactions enregistrées aussitôt après l'annonce de cette rencontre citoyenne, la chose est non seulement possible, mais encore souhaitée par la grande majorité de nos concitoyens.
Si, comme on peut l'espérer, un réel consensus se dégage à l'issue de la concertation du 14 avril, il restera cependant une étape importante à franchir pour que le scrutin de juillet prochain se déroule dans le calme et la sérénité. Cette étape incontournable sera l'arrêt de la campagne indécente menée de l'extérieur du Congo et par médias interposés contre le pouvoir en place à Brazzaville. Nourrie de ragots, soutenue par des ONG aux desseins inavouables, conduite par des opposants qui se réclament ouvertement de l'une ou l'autre des formations politiques invitées à la rencontre citoyenne, ces attaques sont à ce point virulentes, excessives, insultantes qu'elles portent une atteinte grave à l'image extérieure de notre pays.
Pour dire les choses crûment, on voit mal comment les autorités congolaises, attaquées de façon aussi vicieuse, pourraient recevoir de façon positive les demandes de l'opposition si celle-ci ne met pas au préalable de l'ordre dans ses rangs en mettant fin une fois pour toutes à la guérilla que conduisent ses partisans depuis l'Europe. L'opinion publique congolaise, en tout cas, ne comprendrait pas que l'ouverture, si ouverture il y a, se fasse à sens unique. Le temps de la raison est-il venu ? Divers indices semblent heureusement l'indiquer aujourd'hui, mais on ne le saura véritablement qu'à l'issue de la concertation citoyenne si et seulement si le dialogue se substitue effectivement à la confrontation, le débat à l'injure.
Les Dépêches de Brazzaville