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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 08:11

Voici une étude qui rappelle quelques pages de la récente histoire du Congo-Brazzaville tâchée de sang à cause de la cacophonie politique engendrée par la classe politique après la Conférence nationale de 1991. Pourquoi le sang a-t-il servi d’écrire l’histoire sociopolitique à partir de 1992 ? C’est à cette question que l’anthropologue Patrice Yengo essaie de répondre à travers l’étude comparative des « Fruits d’une passion partagée » [] de Pascal Lissouba avec « Le manguier, le fleuve et la souris » [] de Denis Sassou Nguesso, dans son essai « Le venin dans l’encrier : Les conflits du Congo-Brazzaville au miroir de l’écrit ».

Pascal Lissouba : Je n’organise pas les éléctions pour les perdre...

Il y a une littérature abondante sur les conflits du Congo-Brazzaville après les élections de 1992. Essais, récits et romans ont évoqué les tenants et aboutissants de ces drames qui se sont métamorphosés en « mésententes » interethniques pour se révéler explosifs en 1997 quand le mandat du président Pascal Lissouba prenait fin dans des turpitudes on ne peut plus rocambolesques. Mais avant que le pire arrive en juin 1997, les deux protagonistes rêvent de nouveau du pouvoir. Lissouba, maladroit, déclare en 1996 : « Je n’organiserai pas les élections pour les perdre ».

De son côté, Denis Sassou Nguesso compte revenir au pouvoir par les urnes en se fondant sur sa popularité naissante avant les élections. Ces deux hommes politiques vont se préparer, chacun de son côté, à la présidentielle de 1997 en essayant de montrer au peuple leur humanisme tout en « s’attaquant mutuellement ». Et ils vont le faire à travers la plume et l’encre en publiant pour Pascal Lissouba « Les fruits de la passion partagée » et « Le manguier, le fleuve et la souris » pour Denis Sassou Nguesso. Deux livres qui prouvent qu’ils sont les futurs candidats les plus en vue car s’étant succédé au pouvoir, et leurs capacités à diriger les affaires de l’Etat pouvant être jugées par le peuple congolais. Deux ouvrages conçus pour la campagne présidentielle qui s’annonçait à l’horizon. Et Patrice Yengo le spécifie très bien en découvrant déjà l’attitude de « chef de guerre » des deux hommes quand on se réfère aux conséquences dramatiques que va entraîner le télescopage de leurs idées. Peut-être que ces deux ouvrages seraient des armes pacifiques pour la campagne présidentielle si le professeur Pascal Lissouba avait respecté la date de la présidentielle dictée par la Constitution. « Les fruits de la passion partagée » et « Le manguier, le fleuve et la souris », deux ouvrages qui rentrent dans la stratégie électorale des deux acteurs politiques comme le spécifie Yengo : « Bien que ne permettant pas de distinguer les candidats entre eux, ces livres à prétention programmatique présentent l’avantage d’accompagner la pensée de leur auteur grâce à des considérations sur la vie politique du pays ou sur leurs adversaires, donnant ainsi la signification à la bataille politique en cours » (p.29).


Sassou. Être élu dès le 1er tour : le rêve de tous les candidats

« Les fruits de la passion partagée » et « Le manguier, le fleuve et la souris » : deux livres écrits séparément mais qui s’appellent Ces deux ouvrages sont préparés dans le secret pour être curieusement publiés au même moment, quelques mois avant la présidentielle de 1997. Les deux hommes se présentent de l’intérieur en utilisant une temporalité autobiographique comme pour rappeler aux Congolais leur passé politique. Et ce biographisme décrit, comme le remarque Patrice Yengo, « le parcours de vie des deux protagonistes et donne de leur trajectoire individuelle, sur le long terme, le sens de l’enchaînement des séquences ou l’implication politique devient significative tant du point de l’intensité que du contenu » (p.32). Aussi, dans ce biographisme, ils essaient tous les deux de rappeler leur enfance, leur parcours scolaire, leur manifestation dans la vie politique du pays tout en s’attaquant parfois à l’autre, position de futur candidat à la présidentielle oblige. Et Patrice Yengo, contrairement à certains lecteurs victimes de réactions épidermiques provoquées par des lectures politiciennes, a fait une analyse scientifique et comparative des deux livres pour montrer la symétrie et l’asymétrie des idées que développent les deux auteurs dans leur livre à effet dialogique. Quand Pascal Lissouba déclare : « Lorsque je suis arrivé au pouvoir en 1992, le Congo était un pays sinistré. C’est la conséquence d’un régime marxiste », son adversaire lui répond calmement : « La crise que nous vivons depuis [l’arrivée de Lisouba au pouvoir] est issue de ce manquement aux règles votées par tous. Elle est la conséquence du reniement de la parole donnée, de l’incapacité du président à respecter les engagements qu’il a pris » (p.47).

A partir de ces deux répliques prises comme exemples dans le dénigrement de l’un par l’autre, se révèle déjà le venin qui se trouve tapis au fond de l’encrier et qui va remonter à la surface pour faire des victimes au moment opportun. Et tout au long de leur discours, chacun essaie de soigner son image en égratignant l’autre. A travers ces deux livres qui sont publiés presque au même moment, les deux auteurs se définissent comme les deux seuls politiques valables aux yeux des Congolais. Ils se déclarent déjà « candidats avant même les candidatures ». Si pour Denis Sassou Nguesso, « Il [lui] est impossible de laisser [son] pays aller plus longtemps à vau-l’eau… C’est pourquoi [il a] décidé de [se] présenter aux élections présidentielles de juillet ». Pascal Lissouba, quant à lui, pense que « ce peuple congolais, il [a] décidé de lui offrir un nouveau rendez-vous au cours de l’été 1997 en se présentant à sa propre succession ». Avec tout ce que font découvrir les deux ouvrages qui mettent en relief l’ambition politique des deux hommes pour se maintenir au pouvoir pour l’un, et pour y revenir pour l’autre, nous ne serions pas surpris quand la guerre va éclater le 5 juin 1997 car aucun des deux ne voudra se laisser faire. Et ne dit-on pas que la guerre est le prolongement de la lutte politique quand celle-ci n’a pas réussi par le dialogue ?

« Le venin dans l’encrier » : un des livres-références sur les guerres du Congo

S’il est un chercheur qui a su bien décrypter les tenants et aboutissants des guerres du Congo, c’est Patrice Yengo. Déjà, « La guerre civile du Congo-Brazzaville, 1992-2002 » ouvrage publié chez Karthala en 2006, est une mine pour comprendre les conflits d’avant et d’après la Conférence nationale de 1991 qui sera l’origine du multipartisme au Congo. Aussi « Le venin dans l’encrier » apparaît comme une relecture de « La guerre civile du Congo-Brazzaville » par certaines séquences textuelles qui semblent s’appeler les unes les autres. Ici Patrice Yengo rappelle aux lecteurs la transition conflictuelle de 1991-1992 avec les premières conscriptions miliciennes jusqu’à « la guerre du tipoye » qui annoncera le retour de Denis Sassou Nguesso au pouvoir. L’occasion lui sera donnée par Pascal Lissouba quand celui-ci recevra le rebelle Savimbi sur tapis rouge, une occasion à Dos Santos pour être aux côtés de Sassou Nguesso ; la suite, nous la connaissons.

« Le venin dans l’encrier » : une diachronie fouillée

Ce livre apparaît comme l’un des plus méticuleux travaux en ce qui concerne les études réalisées sur l’historicité et l’histoire du Congo et en ce qui concerne les conflits consécutifs au multipartisme post Conférence nationale de 1991. Aussi au chapitre II intitulé « Maturation des contradictions et annales résumées des conflits congolais » et plus précisément de la page 65 à 89, Patrice Yengo nous explicite avec précision et dates à l’appui les événements les plus pertinents qui ont marqué les conflits du Congo-Brazzaville. Une diachronie qui permet de comprendre les tenants et aboutissants de ces conflits.

Sur l’autre côté des conflits congolais

De la réflexion sur ces conflits, Patrice Yengo enrichit celle-ci par les analyses faites à propos par certains intellectuels congolais tels l’historien Théophile Obenga, le littéraire Jean Pierre Makouta Mboukou et le sociologue Henri Ossébi, analyses où chacun donne sa vision des faits. Aussi, de l’autre côté des conflits congolais, Patrice Yengo nous révèle le dilemme dans lequel s’étaient trouvés les médias et organisations humanitaires français au moment de ces événements tragiques.

Pour conclure

« Le venin dans l’encrier » est sans doute l’un des livres les plus fournis sur les conflits ayant marqué le Congo-Brazzaville, particulièrement à partir des années 90. Un livre de référence qui s’inscrit dans la compréhension sociopolitique de l’histoire congolaise de ces dernières années que l’auteur nous retrace à certains moments sous l’angle anthropologique. Et s’il y a un chercheur que l’on devrait absolument lire avant de parler des conflits du Congo-Brazzaville, c’est bien Patrice Yengo.

Noël KODIA (essayiste et critique littéraire)

 

L’auteur : Socio-anthropologue, Patrice Yengo a d’abord enseigné à l’Institut supérieur des sciences de la santé et à la Faculté de médecine de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville. Chercheur au Centre d’études africaines de l’EHSS de Paris, il dirige la revue « Rupture-Solidarité » et s’intéresse à l’anthropologie historique et politique, particulièrement aux dynamismes politiques et aux conditions sociales induites par la mondialisation.

P.-S.

Patrice Yengo
"Le venin dans l’encrier - Les conflits du Congo Brazzaville au miroir de l’écrit."
Paari éditeur (Paris 2009)
ISBN : 978-2-84220-030-5
16.00€
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Recherche

L'explosion d'un dépôt de munitions le 4 mars à Brazzaville a fait plus de 2.300 blessés et près de 14.000 sans-abri, le nombre de tués restant inchangé à près de 200 victimes, dont les obsèques se dérouleront dimanche, selon un nouveau bilan jeudi du gouvernement congolais.

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Lors d'une séance de questions d'actualité au Parlement, le ministre du Plan et président de la Commission d'évaluation du sinistre, Pierre Moussa, a donné le chiffre de 13.854 sans-abri.

Les hôpitaux ont reçu 2.315 blessés, dont 297 sont encore soignés, a-t-il précisé. Le nombre de personnes tuées dans l'accident est toujours évalué à près de 200, a indiqué de son côté le porte-parole du gouvernement Bienvenu Okiemy.

Un précédant bilan faisait état de plus de 1.300 blessés et 5.000 sans abri.

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Il s'agit du plus meurtrier accident de ce type, dans des dépôts d'armes et de munitions, depuis 10 ans dans le monde.

Le bilan pourrait s'alourdir encore, d'autres corps se trouvant vraisemblablement à proximité immédiate du dépôt, où la Croix-Rouge n'a pu se rendre jusque-là.

Les obsèques des victimes se dérouleront dimanche à Brazzaville, après une cérémonie d'hommage en présence du président congolais Denis Sassou Nguesso, a annoncé M. Okiemy. Le deuil national décrété depuis mardi prendra fin dimanche.

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Le ministre du Plan a détaillé jeudi l'étendue des destructions autour du dépôt de munitions.

"L'épicentre du sinistre est composé de trois périmètres: le premier périmètre qui comprend le camp des blindés (où se trouvait le dépôt) a été détruit à 98%. Seuls les bâtiments en construction par une entreprise chinoise ont résisté", a-t-il indiqué.

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"Le deuxième périmètre a été détruit à 90% et dans le troisième les dégradations sont aussi significatives"", a-t-il ajouté sans préciser l'étendue des périmètres.

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Lors de la séance au Parlement le député d'opposition Patrice Kadia, a mis en cause le pouvoir en place : "la conservation du pouvoir coûte très chère au Congo, a-t-il dit on n'a pas vu la richesse dans les médicaments pour soigner les blessés, mais seulement dans les armes qui sont gardées dans les quartiers populaires comme des semences".

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Selon le gouvernement congolais, un incendie consécutif à un court-circuit serait à l'origine de l'explosion d'un dépôt d'armes et de munitions à Brazzaville. Le drame aurait fait au moins 146 morts.

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Sénégal: affrontements entre étudiants  et forces de l'ordre à Dakar

Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.

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Les incidents ont éclaté lorsqu'un groupe d'étudiants de l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) a voulu sortir du campus pour aller assister dans un hôpital voisin à la levée du corps du manifestant tué, étudiant en Lettres modernes.

Il est décédé des suites de ses blessures après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion du rassemblement des opposants à la candidature du chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade à la présidentielle de février.

Les affrontements, jets de pierres contre gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, se poursuivaient dans l'après-midi.

Quelques dizaines de policiers déployés à deux sorties du campus de l'université tentaient de disperser de petits groupes d'étudiants qui les harcelaient de pierres à partir de bâtiments du campus.

CAN: le Gabon et Aubameyang s'offrent un sans-faute et la 1re place

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La couleur orange et vert est à l'honneur à la CAN. Les deux équipes qui sont qualifiées pour la finale de la CAN gabonnaise jouent en vert et orange.

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Le Congo célèbre le 50ème anniversaire de son indépendance.

 

C’est l’heure du bilan.

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Massamba Dé

bat -  4 ans : début d’industrialisation du pays

Marien Ngouabi – 9 ans : recrutement d’enseignants volontaires et création du PCT

Joachim Yhombi - 2 ans : Vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain

Pascal Lissouba  – 5 ans : Gestion des guerres civiles à répétition et de la dette extérieure

Denis Sassou Nguesso – 27 ans : à vous de juger

 

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