Le Gabon a désigné, mardi 9 juin, son chef de l’Etat par intérim, la présidente du Sénat Rose Francine Rogombé, qui prendra ses fonctions mercredi dans le strict respect de la voie constitutionnelle après le décès en Espagne du président Omar Bongo Ondimba. Mme Rogombé, 66 ans, devrait prêter serment mercredi pour prendre effectivement ses fonctions. Elle doit désormais conduire le pays jusqu’à l’organisation, dans les quarante- cinq jours au plus tard, d’un scrutin présidentiel auquel elle ne pourra participer. Investie de presque tous les pouvoirs du président élu, elle ne pourra ni organiser de référendum, ni dissoudre l’Assemblée.
“Nous suivons strictement la voie constitutionnelle”, a affirmé le ministre de l’intérieur, André Mba Obame, “contrairement à toutes les supputations, à tous les projets machiavéliques qu’on prêtait aux uns et aux autres, et notamment au ministre de la défense”, Ali Ben Bongo, un des fils du président défunt, souvent présenté comme successeur possible de son père.
“À MARCHE FORCÉE”
“On suit la Constitution à marche forcée”, a toutefois commenté une source proche de la présidence, “parce que le clan Bongo n’avait pas eu le temps de préparer autre chose”. “Il y a un problème majeur : les listes électorales”, a relevé cette source. “Organiser des élections démocratiques en quarante-cinq jours est impossible. Si on regroupait toutes les listes locales, on aurait deux millions d’électeurs…”, pour une population totale autour d’un million et demi d’habitants. Un report de l’élection présidentielle est “probable”, a-t-elle ajouté.
Un ancien éditorialiste du quotidien national L’Union soutient aussi qu’”il y aura une élection, car c’est le seul moyen de préserver ses biens pour le clan Bongo”. “Mais quoi qu’il se passe, (elle) sera forcément contestée”, estime-t-il. Plusieurs personnalités de la société civile exprimaient de facto des réserves dès mardi soir.
La dépouille mortelle du doyen des chefs d’Etat africains en exercice, décédé lundi à l’âge de 73 ans, sera rapatriée jeudi avant des obsèques qui devraient débuter le lendemain pour quatre jours.
La mort du président président gabonais, Omar Bongo, a été confirmée, lundi 8 juin, après plusieurs heures d’incertitude. Vous habitez au Gabon, quel est l’état d’esprit des habitants ? Comment sont ressenties les mesures prises par les autorités, qui ont décidé la fermeture des frontières et un deuil national de 30 jours ? Une sélection de témoignages sera publiée sur Le Monde.fr.
source: le monde