12 votants sur 375 inscrits deux heures après l'ouverture de ce bureau de vote au sud de Brazzaville, une participation très faible à la mi-journée. Hier, les Congolais se sont peu mobilisés pour une élection qui pourrait reconduire au palais présidentiel Denis Sassou-Nguesso, 66 ans, dont vingt-cinq passés à la tête de l'État.
Dans ce pays de 3,6 millions d'habitants, qui est aussi le cinquième producteur africain de pétrole, élection rime souvent avec violence. Celles de 1992 et de 1997 restent dans les mémoires, la première ayant marqué la défaite de « Sassou » face à son concurrent Pascal Lissouba, la seconde lui ayant permis de revenir, le tout dans un climat de guerre civile. Cinq ans plus tard, en 2002, Denis Sassou-Nguesso avait été réélu après un scrutin boycotté par l'opposition, qui, lors des législatives de 2007, avait accusé le président de manipuler les listes électorales.
Rebelote cette année : l'opposition, dont la figure principale est Mathias Dzon, un ex-ministre des Finances de « Sassou », accuse le parti présidentiel de « gonfler à volonté » les fichiers électoraux. Et elle refuse d'admettre l'impartialité de la commission électorale. Du coup, plusieurs des 12 candidats opposés au président sortant ont appelé au boycott d'une élection qui pourrait nécessiter un second tour si personne ne décroche 50 % des suffrages exprimés. On devrait être fixé « dans trois ou quatre jours », lorsque le dépouillement sera achevé dans les 4 850 bureaux de vote du pays.
Malgré l'oeil d'une centaine d'observateurs internationaux, la transparence du vote ne semble donc pas garantie. Et au lendemain de la visite de Barack Obama dans une Afrique qu'il encourage à préférer les « institutions fortes » aux « hommes forts », la possible reconduction du président congolais interpelle. Le nom de Sassou-Nguesso est fréquemment associé à des pratiques opaques, comme en témoigne la plainte déposée en France par une ONG anticorruption. Climat alourdi après la mort non élucidée à Brazzaville début 2009 d'un journaliste franco-congolais, Bruno Ossébi, disparu dans l'incendie de sa maison alors qu'il enquêtait sur la corruption.