Centenaire de l’Eglise évangélique du Congo

«Construire aujourd’hui une Eglise à la mesure de notre temps» 

La célébration du centenaire de l’évangélisation protestante au Congo, en cette année 2009, restera l’événement marquant de l’histoire de l’E.e.c (Eglise évangélique du Congo) depuis son autonomie, en juillet 1961. Les trente consistoires de l’E.e.c, ont annoncé les festivités relatives à cet événement, dès le mois de juin 2009, par des cultes décentralisés. Les célébrations dites nationales se sont déroulées à Madzia, du 17 au 20 septembre 2009, puis du 24 au 27 septembre à Brazzaville, sous le thème général: «Quels témoins pour l’Eglise évangélique du Congo, cent ans après?» (Actes 1,8).

Les festivités de Madzia ont été, de loin, les plus importantes, par le nombre de participants, avec près de 160.000 pèlerins au culte de clôture. Parmi eux, une vingtaine de responsables d’Eglise venus de Suède, de Norvège, de Finlande et de l’Equateur.
Madzia est la localité qui avait accueilli, en 1908, au village Manga, le premier missionnaire suédois, Johan Hammar, venu inaugurer une œuvre d’évangélisation. Le chef de tribu Matouba qui le reçut, l’autorisa à s’installer sur une colline voisine, où Hammar fonda, le 12 janvier 1909, le premier poste missionnaire protestant au Congo français.
La célébration du centenaire de l’E.e.c, à Madzia a donc eu une valeur symbolique.

 Le devoir de mémoire a conduit les pèlerins à faire une procession, de Madzia au village Manga, le samedi 19 septembre 2009, dans la matinée. Dans ce village où fut érigée une stèle en mémoire du missionnaire Hammar et du chef Matouba, les pèlerins se sont recueillis, ont suivi des témoignages des descendants du chef Matouba, notamment son fils et sa dernière fille. Ils ont visité la case (reconstruite) dans laquelle vécurent ensemble Matouba et Hammar. Puis, ils se sont recueillis sur la tombe de ce dernier. L’arrivée de Hammar à Madzia a également été reproduite, sous forme de récit théâtral, le vendredi soir.

Les festivités de Madzia se sont, avant tout, focalisées sur l’écoute de la Parole de Dieu, les témoignages, les conférences et le sport avec des épreuves de nzango, de football et de cross populaire. La louange a occupé une place de choix avec les chorales et les bilombo venus des consistoires du Nord et du Sud du pays.

Madzia a réuni les fidèles de tous les départements du Congo. Le préfet du Pool et bon nombre de ses collaborateurs ont rehaussé de leur présence la fête, même M. Frédéric Binsamou «le pasteur Ntumi» s’est fait inviter au culte de clôture. Arrivé en plein culte, il a chanté et prié avec les pèlerins, pendant une quinzaine de minutes, avant de se retirer, sans attirer l’attention des responsables de l’E.e.c.

Après Madzia, les célébrations se sont poursuivies à Brazzaville. Elles ont eu un caractère officiel. Les délégations des Eglises de l’Inde, du Japon, de la République Démocratique du Congo, du Cameroun et de France sont venues grossir le nombre d’invités, auxquels il faut ajouter, des membres du gouvernement, diverses personnalités politiques et administratives, des représentants des Eglises membres du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo.

Notons qu’après l’ouverture officielle des festivités par le pasteur Patrice N’Souami, président de l’E.e.c, à la paroisse de Makelekele, les jours suivants ont été consacrés à des cultes par secteur, des concerts de chants, des opérations de salubrité publique et de don de sang. La clôture est intervenue, dimanche 27 septembre 2009, au Stade Félix Eboué, en présence de près de 10.000 personnes, au cours d’un culte qui a été précédé d’une procession partie du rond point de Moungali jusqu’au Stade Eboué.
Le sermon du jour, basé sur le texte des Actes des apôtres (Act 26,15-18) a été livré par le pasteur Goran Zettegren, président de l’Eglise évangélique de Suède. «Nous avons le privilège d’appartenir à l’Eglise universelle, en constant mouvement, une Eglise qui vit dans le monde, une Eglise qui ose, une Eglise en solidarité, une Eglise qui ne vit pas pour elle-même, à l’intérieur de ses propres murs, mais qui vit pour le monde», a-t-il dit en substance.

Les délégations étrangères y sont intervenues, tour à tour, pour adresser des messages de félicitations et offrir des cadeaux symboliques à l’E.e.c. Les ministres Emilienne Raoul et Rigobert Maboundou, ont, au nom du président de la République, annoncé le don à l’E.e.c d’un véhicule de type Toyota Hilux et d’une enveloppe de 10 millions de francs Cfa.

En sa qualité de président de l’E.e.c, le pasteur Patrice N’souami a remercié les uns et les autres pour leur témoignage de solidarité. Avant de déclarer la clôture des festivités du centenaire, il s’est adressé aux membres de l’E.e.c, en invitant ses différentes composantes (pasteurs et fidèles) à «construire, aujourd’hui, une Eglise à la mesure de notre temps, à la hauteur des problèmes de notre époque et de notre continent. Une Eglise sur tous les fronts, dans tous les combats de l’homme, dans tous les combats où Dieu engage l’honneur et la grandeur de la vie. Sur tous les fronts, dans tous les combats pour faire reculer l’inhumain et laisser l’humain resplendir dans son exigeante vérité». II a également annoncé six grandes décisions inscrites dans la logique du jubilé et qui portent sur la remise des dettes des cartes de cotisations mensuelles de tous les chrétiens, des dettes des paroisses et des consistoires à l’égard de la caisse synodale et du paiement des arriérés de salaires de tous les serviteurs.