KINSHASA (AFP) - Kinshasa a confirmé jeudi sa demande d'un retrait progressif de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) à partir de fin juin, saluant un "travail bien accompli" de la mission, dix ans après son déploiement dans ce pays encore en proie à des conflits armés.
"Lorsque le gouvernement (de la RDC) envisage le retrait progressif de la Monuc, il énonce sa conviction que l'engagement de cette mission dans notre pays a connu une fin heureuse", a affirmé lors d'une conférence de presse le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende.
Annoncé pour débuter fin juin, ce retrait sera "le couronnement d'un travail somme toute bien accompli", a ajouté M. Mende, également porte-parole du gouvernement.
Il s'exprimait une semaine après la visite dans le pays de l'adjoint du secrétaire général de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, le Français Alain Leroy, qui avait évoqué ce souhait des autorités congolaises, après avoir rencontré le président Joseph Kabila et son Premier ministre Adolphe Muzito.
M. Leroy n'avait pas précisé la fin de ce départ, mais selon le porte-parole du gouvernement, "courant 2011, nous devons avoir constaté la fin du retrait progressif" de la Monuc dans ce vaste pays d'Afrique centrale, encore en proie à des conflits armés, notamment dans l'est.
Kinshasa estime que "l'évolution de la situation" de 1999 à 2003 "permet d'affirmer que les premiers objectifs assignés à cette mission ont été atteint (à savoir) la guerre de 1998 (qui) a bel et bien pris fin".
A l'actif de la Monuc, le gouvernement note "l'indéniable réussite de l'organisation des élections générales de 2006 (dont la présidentielle remportée par M. Kabila) à laquelle la mission a apporté un appui logistique décisif".
Selon M. Mende, la reconfiguration du mandat de la Monuc, la plus importante force de maintien de la paix dans le monde avec près de 19.000 Casques bleus, permettra "à l'Etat et ses techno-structures de jouer leur rôle de manière adulte et responsable".
"Les nouvelles attributions de la Monuc doivent exclusivement être orientées vers le soutien aux efforts de renforcement des capacités organisationnelles, opérationnelles et d'encadrement des Forces armées de la RDC (FARDC), de la police nationale ainsi qu'à l'appui à la réforme de notre appareil judiciaire", a-t-il indiqué.
Cette demande intervient alors que les FARDC, avec le soutien logistique de la Monuc, ont lancé depuis deux semaines une nouvelle opération visant à rapatrier de force les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDRL), qui écument l'est du pays depuis plus d'une décennie.
L'opération, dont la fin est prévue théoriquement début juin (avec une possible rallonge de trois mois), a déjà permis à l'armée congolaise de tuer 90 rebelles FDLR dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu (est), d'après la Monuc.
Baptisée "Amani Leo" (la paix maintenant, en swahili), cette offensive est la suite de l'opération "Kimia II" menée dans les mêmes provinces par l'armée congolaise de mars à décembre 2009 contre les FDLR, estimés à 6.000 combattants début 2009 et dont certains auraient participé au génocide de 1994 au Rwanda.
"Ce ne serait pas une bonne idée de faire précipiter" le départ de la Monuc, alors que les FDLR pourraient être encore actifs dans l'est, a estimé le général William Ward, chef du commandement militaire américain en Afrique (Africom).
Amnesty international craint de son côté "des conséquences désastreuses" en RDC après un retrait définitif de l'ONU.