Le gouvernement "lance un appel au calme" en Guadeloupe, après les violences et pillages de la nuit du mardi 17 au mercredi 18 février. "La place des uns et des autres, elle est d'avantage autour de la table que sur les barricades", a déclaré le porte-parole du gouvernement Luc Chatel sur Europe 1, insistant sur le fait que "l'on ne peut pas en sortir par la violence".
Un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par une balle tirée "depuis un barrage tenu par des jeunes" dans la nuit. La victime, Jacques Bino, qui a été tué alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre, était "un syndicaliste qui revenait d'un meeting", selon la cellule de crise de la préfecture. "Ce n'est pas un mort lié aux forces de l'ordre", a assuré la même source. Une personne qui se trouvait aux côtés de la victime au moment des faits est actuellement auditionnée par la police judiciaire.
C'est en accompagnant des pompiers venus porter secours à ce syndicaliste que trois policiers ont été légèrement blessés dans la soirée, par des tirs de plombs, provenant "vraisemblablement d'une arme de chasse", a encore indiqué un responsable de la cellule de crise. 

Réunion d'urgence pour MAM

Outre ce décès, la cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit: elle a recensé 15 commerces pillés, sept établissements incendiés, 21 véhicules brûlés, treize interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers.
Mardi en début de soirée, le leader du LKP Elie Domota a lancé sur la radio RCI un appel au calme en créole: "ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger".
"Ne répondez pas à la provocation", a-t-il lancé aux jeunes, demandant dans le même temps au préfet de "retirer ses gendarmes". 
Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, a lui aussi de nouveau lancé un appel "à la trêve et à la reprise des négociations" mercredi. "La seule sortie possible, c'est celle du dialogue social. Il faut qu'il y ait une trêve dans ces violences, il faut que le dialogue entre les patrons et les salariés reprennent". "Le gouvernement a beaucoup travaillé, dans les coulisses, les choses ont beaucoup bougé. Il y a maintenant des propositions qui sont sur la table. Il faut absolument que cette stratégie, que je prône depuis le début, et qui est la stratégie de la sortie de la crise par un accord, vienne faire céder la violence". 
La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie tiendra à 16 heures une réunion consacrée à "la sécurité publique aux Antilles".

Premier accord en Martinique

A Fort-de-France, en revanche, le "collectif du 5 février contre la vie chère et pour l'emploi" et les représentants de la grande distribution de la Martinique sont parvenus mardi soir à un accord sur la notion de produit de première nécessité.
Ils ont signé "un avenant au protocole d'accord du 10 février sur la baisse de 20% du prix de 100 produits de première nécessité" qui constitue le premier point de la plateforme revendicative des grévistes. Aux termes de cet avenant, le terme de "produits" renvoie à une "famille de produits".
La signature de cet accord a été obtenue grâce à la médiation des parlementaires et des représentants des collectivités locales, lors d'une réunion avec la grande distribution mardi matin en préfecture.
Les négociations doivent reprendre mercredi à 10 heures locales (15 heures à Paris) en préfecture sur le second point de la plateforme revendicative. Il porte sur la baisse des prix des services (eau, gaz, loyer, téléphone, internet, pièces détachées véhicules etc...).
Mardi soir, environ deux à trois mille personnes ont assisté à un meeting organisé par le "collectif" à la maison des syndicats en présence de trois membres du LKP venus de Guadeloupe.