INTERVIEW SUR LA VOIX DE L’AMERIQUE
DE TSATY MABIALA
PORTE PAROLE DU FRONT UNI L’OPPOSITION
SUITE A LA RENCONTRE AVEC LE PRESIDENT SARKOZY.
28 MARS 2009
Tsaty Mabiala
C’est une grande première si vous voyez bien, de l’histoire des visites officielles des Chefs d’Etat de France au Congo, c’est le premier qui a spontanément accepté de recevoir une délégation de l’opposition, malgré toutes les réticences j’imagine bien, que présentaient les autorités congolaises ; et d’ailleurs cette rencontre a été supprimée des chaînes de télévision et de radio.
Deuxièmement, il nous l’a dit et nous n’avons de raison de ne pas le croire, qu’il n’est pas venu pour soutenir le pouvoir en place, le candidat du pouvoir en place qui est très certainement Mr. Sassou qui se présentera à sa propre succession.
Troisième motif, nous avons eu le temps de présenter justement toutes nos revendications à un ami, un ami du Congo, puisqu’il est le Président de la France, la France est un pays ami du Congo, donc, il a simplement donné des avis sur ce qu’il pense lui être une bonne élection présidentielle, et son analyse coïncide parfaitement avec ce que nous disons :
Un
Qu’il y ait un corps électoral maîtrisé,
Qu’il y ait une autorité indépendante qui en assure toutes les opérations électorales, et que celle-ci, en amont et en aval ait la maîtrise justement de l’organisation du scrutin,
Et que la démocratie se développe au Congo,
Que tous les partis soient traités de la même manière, qu’ils accèdent tous sur les médias publics, ce que nous demandons depuis longtemps,
Et enfin, il a dit (à son) ou (de son) homologue qu’il ne comprenait pas que le dialogue ne s’engage pas entre lui et l’opposition.
Voix de l’Amérique.
Pensez-vous qu’il sera entendu par le Président Dénis Sassou Nguesso ?
Tsaty Mabiala
C’est une autre paire de manches, nous avons salué l’identité de vue de Mr. Sarkozy avec la nôtre ; qu’il soit entendu, qu’il ne le soit pas, mais au moins on sait qu’il aura le temps de lui dire un ou deux mots. Nous ne sommes plus à l’ère du paternalisme où la France puissance tutélaire venait en imposer à ces pays dit du « champs », comme on le disait.
Voix de l’Amérique.
Le gouvernement a annoncé hier la tenue le 11 avril d’une rencontre entre le pouvoir et l’opposition, la société civile. Quelle est votre réaction à cette annonce.
Tsaty Mabiala
Voyez-vous c’est au moment où on annonce que Mr. Sarkozy arrive au Congo, c’est d’ailleurs pendant qu’il s’y trouve que le Premier Ministre publie un texte qui convoque le dialogue pour le 11 avril ; il en informe toutes les parties, la société civile, les partis politiques qui sont conviés. C’est la énième fois qu’il y a cette annonce du gouvernement, avec cette différence aujourd’hui que c’est écrit, donc nous avons des écrits, ce ne sont pas simplement des discours.
D’abord nous ne savons pas quels seront les contours.
Ensuite ce fourre-tout, hier quand on l’annonçait, c’étaient le pouvoir et l’opposition ; aujourd’hui on y inclut la société civile. Au Congo la société civile c’est l’appendice du pouvoir ; y a pas de société civile neutre au Congo ; elle est la plupart du temps des associations fabriquées par le pouvoir, entretenues par le pouvoir, et dont l’indépendance est mise ne doute : ça c’est de deux.
De trois, nous sommes à trois mois de l’élection présidentielle, si on doit faire un dialogue, il faut que le dialogue porte sur les questions essentielles de l’élection présidentielle, et on peut pas aller simplement pour revisiter les textes réglementaires qui régissent l’organisation des élections aujourd’hui, regarder le financement des partis politiques, alors que nous avons des problèmes à poser, et ces problèmes peuvent entraîner des discussions des négociations profondes qui peuvent même bouleverser le calendrier électoral. Il ne faut pas qu’on aille avec des choses qui sont totalement arrêtées.