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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 08:06

Dans un récent article,  Brice Nzamba et Gertrude Malalou-Koumba  ont tracé, non sans talent, le portrait psychologique de Sassou Nguesso(1). En poursuivant  la réflexion dans la même direction,  je vais m'appliquer à mettre en lumière les raisons de la pérennité d'un système qui, à défaut d'être au service  des congolais, crée de façon délibérée,  des disparités abyssales entre ceux qui accèdent par affinité et non par le mérite à la caste de nouveaux riches ;  et ceux qui s'enfoncent chaque jour dans l'indigence absolue. Ce labeur  est d'autant plus impérieux  qu' en dépit de toute vraisemblance, et si on n'y prend garde, cet odieux système aura encore de beaux jours devant nous.

Quelles sont les raisons réelles de notre passivité face à cette réalité insoutenable ? Est- elle inévitable ? Cache-t-elle un calcul politique ou une absence d'analyse politique ? Est-ce une résignation à la domination de l'empire de Mpila ? Ou une attente pour mieux contre-attaquer ? Que devrions-nous faire idéalement et que pouvons nous encore faire réellement ?

Pour répondre à cette kyrielle de questions, j'ai opté pour une démarche qui emprunte tout autant à l'observation qu'à la réflexion pure.

Au hasard, deux exemples de dictatures qui nous édifient non seulement sur la nocivité de ces systèmes, mais encore nous donnent une idée sur leur capacité à se pérenniser.

• Plus proche de nous; celle de Mobutu dont les 32 ans ont apporté la déliquescence que nous connaissons. Cette dictature a eu le  temps nécessaire pour mettre l'ex-Zaïre  en miette.

• Plus emblématique; celle de Fidel Castro de Cuba qui a défié toutes les lois de la dialectique et s'est adaptée allègrement à tous les bouleversements internationaux.


Au Congo-Brazzaville, depuis le retour de Sassou aux affaires, il ne  s'est attelé qu'à échafauder des stratégies relatives à la conservation du pouvoir, renvoyant ipso-facto les principales préoccupations des congolais aux calendes grecques. Une constitution taillée sur mesure, consacrant une dictature constitutionnelle, un parlement croupion, un affermissement des relations par des accords de non agression avec le syndicat des dictateurs d'Afrique Centrale et d'ailleurs (Bongo Fils, Deby, Dos Santos, Bozizé). Plus grave encore et cela se voit chaque jour : l'accaparement  des recettes  pétrolières,  la principale richesse du pays, exclusivement gérée par  des personnes issues d'une même ethnie, la sienne.  Le pays s'enrichit, le peuple s'appauvrit.
Qu'est- il  donc arrivé au peuple congolais pour que nulle clameur ne vienne  reprouver  ces agissements rétrogrades ?

L'œuvre d'Alexis de Tocqueville nous permet de jeter un regard approfondi sur les turpitudes du clan de Mpila. Ce brillant penseur politique français du XIXe siècle avait en effet observé qu'une société se battait d'autant plus contre l'autorité que le niveau de satisfaction des besoins y était élevé. En d'autres termes, les revendications se font plus agressives qu'elles ont déjà été largement couronné de succès, et surtout l'espérance de conquérir des avantages toujours supérieurs ne paraît pas illusoire, ce qui suppose un acquis substantiel de prospérité et de liberté.
Pourquoi formuler des revendications face à un régime autiste, qui lors de l'élection présidentielle du 12 juillet 2009, a sans honte présenté des curieuses listes électorales dans lesquelles, certaines circonscriptions avaient plus d'électeurs que d'habitants ; qui  n'a jamais cédé à la principale exigence de l'opposition qui demandait, comme partout ailleurs,  la mise en place d'une commission électorale indépendante ?  Pire encore, alors que les urnes étaient désespérément désertes le jour du vote, ce pouvoir a eu l'outrecuidance de proclamer des chiffres faux, sans contradicteurs! 
La diaspora congolaise en France en fait les frais : malgré les canaux de communication modernes dont elle dispose, le nombre de  participants aux marches de protestations dans les rues de Paris, réduit à la portion congrue, ne  peut même plus remplir une cabine téléphonique. Jadis sous Lissouba, des  nuées de manifestants rivalisaient de stratégies pour faire reculer le pouvoir pour une  petite interprétation d'un  article de la constitution congolaise.

Donc, le préjugé répandu selon lequel un détenteur de pouvoir devrait déguerpir sous prétexte que ses sujets sont mécontents, meurent de faim ou de maladies, est une élucubration fantasque dont l'histoire humaine atteste de la triste rareté. La capacité de survie d'un système dictatorial ne dépend donc pas de son aptitude à satisfaire les besoins de ses membres, mais peut on être tenté de dire, de l'intensité du mépris à l'égard de son peuple. Un système devient d'autant plus périssable qu'il résout davantage de problèmes, et sa longévité d'autant plus assurée qu'il en résout moins.
L'idée selon laquelle un système rétrograde comme celui de Sassou devrait s'effondrer et faire place à un autre plus viable, parce qu'il est incapable de faire vivre dignement ses compatriotes, ne peut venir que d'un démocrate. En raisonnant de la sorte, on prête à tort au régime totalitaire les principes régulateurs et l'univers mental du système démocratique. Une fois de plus, c'est une erreur que de prêter une logique démocratique à un système totalitaire.  Sassou n'a rien d'un démocrate, il est urgent de s'en rappeler !! Il n'a qu'une passion : lui-même, et une religion : le pouvoir.

Selon Tocqueville, ce n'est pas la stagnation ni la régression qui engendrent les révoltes, c'est le progrès, parce qu'il a engendré tout d'abord les biens grâce auxquels les révoltes ne sont pas vaines.

Cette « loi » tocquevillienne nous permet de comprendre la déconcertante aisance avec laquelle l'opposition, dirigée par Sassou en 1997, avait exigé et obtenu du régime Lissouba la mise en place d'une Commission Nationale Indépendante. Subséquemment, on comprend que l'on ne veuille pas céder aux autres, ce que l'on a soi-même obtenu facilement par le passé. Plus l'égalité se renforce, plus les revendications d'égalité s'exacerbent. Sous Lissouba donc, bien que le décollage économique fut encore hésitant, l'euphorie du contexte démocratique naissant paralysait à des degrés divers certains secteurs de l'économie par des revendications toujours plus grandes.

Pendant cette mandature, l'interprétation de certains articles de la constitution de Mars 1992 par les uns et les autres, avait donné lieu à des échauffourées qui risquaient de mettre, à tout moment en péril, les fondements de cette démocratie. Or, il est un truisme que, de façon permanente et flagrante, Sassou violait sa propre constitution, notamment quand il avait crée ex-nihilo, un poste de Premier Ministre. Personne ne s'en émeut, outre mesure.

Comme toutes les dictatures, celle de Sassou a ceci de paradoxal : elle est la négation absolue de la démocratie, mais parvient à se présenter comme son perfectionnement. Quand l'économie va mal, la démocratie réduit sous la pression des représentants du peuple, les dépenses de prestige et les dépenses militaires, une dictature les augmente. La construction du mausolée de la honte à plus de 10 milliards de Fcfa ou l'assouvissement de ses ambitions mégalomanes en construisant l'aéroport militaire d'Ollombo sont des réalisations qui ne visent que l'embellissement de l'image de Sassou, au mépris des principes élémentaires de l'orthodoxie financière.

Le Congo n'a jamais été aussi riche, avec des recettes pétrolières qui ont littéralement explosé au point de défier les prévisions les plus optimistes. Et pourtant, l'existence des congolais est devenue chaque jour plus aléatoire : l'électricité, l'eau potable, la santé sont des denrées rares et une misère sans précédent s'installe avec entêtement. Le clan au pouvoir nargue ce peuple désarmé qui ne sait plus à quel saint se vouer. La prolifération des Eglises dites de réveil, encouragée à dessein par le pouvoir pour anesthésier le peuple, et la consommation exagérée d'alcool, n'assurent plus leur rôle de soupapes de sécurité. Il ne nous reste plus qu'à constater les dégâts.

On a vu les dégâts causés dans la mémoire collective des congolais, le bombardement de Bacongo par le régime Lissouba, un acte grave certes, mais insignifiant à comparer au nettoyage ethnique opéré par les services de Sassou en Décembre 1998 à Bacongo et Makélékélé ou la disparition de 353 congolais au Beach de Brazzaville en une seule après-midi. Aucune image, donc pas d'incidence dans l'opinion. Les révélations rétrospectives, n'ont que peu de valeur pratique. Le choc émotionnel, l'indignation, l'horreur causés par une atrocité ne seront jamais les mêmes selon qu'on apprend les évènements à chaud et « en direct », ou après coup et « en différé ». Aucune démocratie, même la plus vertueuse n'aurait survécue après une telle barbarie. Les stratèges de Mpila, grassement payés aux frais du contribuable congolais, ont inventé la parade de renvoi dos à dos. On assiste alors à une obsession binaire, une symétrie des apocalypses, la manie du couplage, l'égalitarisme sourcilleux, qui veillent à ce que les deux plateaux de la balance se répondent dans un équilibre de l'horreur.

Quand tout le monde est coupable, en effet, plus personne ne l'est ; sauf le régime démocratique, puisqu'il n'a pas les mêmes excuses à faire valoir que son rival, ne se souciant pas, comme lui, de bâtir une société plus juste.

Les séances de lavement de mains ou d'autres rites absolutoires, sont des procédés dont la fonction est de relativiser le mal, c'est-à-dire, en fin de compte de l'excuser.

Le peuple congolais désabusé, n'attend plus rien de ce régime ; un régime qu'il n'a jamais véritablement porté au pouvoir, un régime équipé pour le mensonge, la dissimulation, l'intimidation. On ne peut tenir tête à un tel régime qu'avec les mêmes armes, et les démocrates n'en ont pas. Il va falloir les inventer. En s'imposant au peuple congolais par les armes, Sassou avait de facto refusé de signer ce contrat social qui doit lier un Président démocratiquement élu à son peuple. L'amélioration des conditions de vie du peuple, donne de la noblesse à l'action d'un homme politique ayant reçu un mandat à travers des élections libres et transparentes. Mais comment Sassou pourrait-il violer un contrat social qu'il n'a jamais signé ?

Quelles solutions alors ? Le prolongement de la tendance actuelle, confirmera la progression de la dictature de Sassou dont les faiblesses et les échecs internes ne suffiront pas, l'expérience l'a prouvé, à faire cesser la marche en avant. En tout cas, les dispositions démocratiques dont on nous tympanise régulièrement, ne nous ne tireront jamais de ce mauvais pas. Elles n'ont simplement pas cours dans une dictature. Comme pour un bon diagnostic, on peut désormais envisager une bonne posologie susceptible de mettre à mal ce kyste qui ronge notre pays. Les formes de lutte  jusque là tirées du carquois des démocrates ont fait leur temps , il nous revient d'en en  inventer plus appropriées…

  (1) Sassou Nguesso : Profil psychologique /  Zenga-Mambu.com  du 15/01/2010


Djess dia Moungouansi

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commentaires

A
<br /> Oui, c'est ça. Les nordistes sont sans valeur. Ils n'ont pas de sang. Que diriez vous des milliers des gens que vous avez tués lors soit disant des payements des salaires au CCF ??? J'ai toujours<br /> très mal au coeur lorsque je pense aux disparus du beach, mais sachez qu'il y avait eu aussi massacre des nordistes au CCF et ça, il ne faut pas en parler !!! C'est INJUSTE.<br /> Atjean <br /> <br /> <br />
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L'explosion d'un dépôt de munitions le 4 mars à Brazzaville a fait plus de 2.300 blessés et près de 14.000 sans-abri, le nombre de tués restant inchangé à près de 200 victimes, dont les obsèques se dérouleront dimanche, selon un nouveau bilan jeudi du gouvernement congolais.

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Lors d'une séance de questions d'actualité au Parlement, le ministre du Plan et président de la Commission d'évaluation du sinistre, Pierre Moussa, a donné le chiffre de 13.854 sans-abri.

Les hôpitaux ont reçu 2.315 blessés, dont 297 sont encore soignés, a-t-il précisé. Le nombre de personnes tuées dans l'accident est toujours évalué à près de 200, a indiqué de son côté le porte-parole du gouvernement Bienvenu Okiemy.

Un précédant bilan faisait état de plus de 1.300 blessés et 5.000 sans abri.

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Il s'agit du plus meurtrier accident de ce type, dans des dépôts d'armes et de munitions, depuis 10 ans dans le monde.

Le bilan pourrait s'alourdir encore, d'autres corps se trouvant vraisemblablement à proximité immédiate du dépôt, où la Croix-Rouge n'a pu se rendre jusque-là.

Les obsèques des victimes se dérouleront dimanche à Brazzaville, après une cérémonie d'hommage en présence du président congolais Denis Sassou Nguesso, a annoncé M. Okiemy. Le deuil national décrété depuis mardi prendra fin dimanche.

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Le ministre du Plan a détaillé jeudi l'étendue des destructions autour du dépôt de munitions.

"L'épicentre du sinistre est composé de trois périmètres: le premier périmètre qui comprend le camp des blindés (où se trouvait le dépôt) a été détruit à 98%. Seuls les bâtiments en construction par une entreprise chinoise ont résisté", a-t-il indiqué.

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"Le deuxième périmètre a été détruit à 90% et dans le troisième les dégradations sont aussi significatives"", a-t-il ajouté sans préciser l'étendue des périmètres.

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Lors de la séance au Parlement le député d'opposition Patrice Kadia, a mis en cause le pouvoir en place : "la conservation du pouvoir coûte très chère au Congo, a-t-il dit on n'a pas vu la richesse dans les médicaments pour soigner les blessés, mais seulement dans les armes qui sont gardées dans les quartiers populaires comme des semences".

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Selon le gouvernement congolais, un incendie consécutif à un court-circuit serait à l'origine de l'explosion d'un dépôt d'armes et de munitions à Brazzaville. Le drame aurait fait au moins 146 morts.

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Sénégal: affrontements entre étudiants  et forces de l'ordre à Dakar

Des affrontements opposaient mercredi sur le campus de l'université publique à Dakar les forces de l'ordre à des étudiants protestant contre la mort la veille d'un des leurs lors de la dispersion d'un rassemblement de l'opposition par la police, a constaté un journaliste de l'AFP.

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Les incidents ont éclaté lorsqu'un groupe d'étudiants de l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) a voulu sortir du campus pour aller assister dans un hôpital voisin à la levée du corps du manifestant tué, étudiant en Lettres modernes.

Il est décédé des suites de ses blessures après avoir été renversé par un véhicule lors de la dispersion du rassemblement des opposants à la candidature du chef de l'Etat sénégalais Abdoulaye Wade à la présidentielle de février.

Les affrontements, jets de pierres contre gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc, se poursuivaient dans l'après-midi.

Quelques dizaines de policiers déployés à deux sorties du campus de l'université tentaient de disperser de petits groupes d'étudiants qui les harcelaient de pierres à partir de bâtiments du campus.

CAN: le Gabon et Aubameyang s'offrent un sans-faute et la 1re place

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CAN: une finale Côte d'Ivoire-Zambie entre le favori et l'invité surprise

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La couleur orange et vert est à l'honneur à la CAN. Les deux équipes qui sont qualifiées pour la finale de la CAN gabonnaise jouent en vert et orange.

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Le Congo célèbre le 50ème anniversaire de son indépendance.

 

C’est l’heure du bilan.

Fulbert Youlou - 3 ans : mise en place de la première administration post-coloniale

Massamba Dé

bat -  4 ans : début d’industrialisation du pays

Marien Ngouabi – 9 ans : recrutement d’enseignants volontaires et création du PCT

Joachim Yhombi - 2 ans : Vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain

Pascal Lissouba  – 5 ans : Gestion des guerres civiles à répétition et de la dette extérieure

Denis Sassou Nguesso – 27 ans : à vous de juger

 

Evénements festifs

 

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